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2000 à 2001 En réalisant un film sur Air-Terre-Mer-STOP en juillet 1999, j'ai été impressionnée par sa dimension imposante de 4 mètres de haut. Air-Terre-Mer-STOP était composé de trois tableaux juxtaposés, d'animaux et de figures humaines. L'ensemble pictural, en noir et blanc et dans des tons de " terre de Sienne ", me faisait penser à un totem.
Au début, j'ai commencé mon enquête sur les contenus de l'inconscient en suivant mon intuition. Pour prendre conscience de la valeur de l'œuvre, je devais découvrir la signification de chacun des tableaux. De haut en bas, les tableaux Air, Terre et Mer représentent les trois territoires de la vie terrestre. Mon livre a donc commencé par une étude individuelle de ces territoires. Dans " Terre ", mon regard était attiré par une forme peinte en gris. En l'observant, je voyais la carcasse d'un animal mort. La dépouille de l'animal de l'œuvre faisait référence à un problème bien actuel de notre époque. Il s'agissait de la mort des bovins contaminés par la maladie dite " de la vache folle " . Ils étaient encore exterminés. À la fin de mon enquête, le tableau " Terre " se rapportait à un mode d'existence profane, et le noir à un espace désacralisé.
Dans Air-Terre-Mer-STOP, des réalités de nos sociétés occidentales modernes sont confrontées à un état de civilisation qu'on appelait autrefois " primitif ". Le profane fait écho en permanence au sacré. Cette opposition rencontrait la dualité entre le noir et le blanc de mes œuvres. Rendus à leur maximum d'intensité, ces absolus symbolisent des valeurs contraires, positives et négatives, de vie et de mort. Dans Air-Terre-Mer-STOP, le noir symbolise un espace désacralisé. Il signifie aussi l'ombre, l'inconscient et la mort. À l'opposé, le blanc fait appel à la lumière, à la conscience et à la vie. Dans la continuité d'un cheminement artistique, Air-Terrre-Mer-STOP a été peint presque entièrement en noir et blanc. Quelques parties ont été réalisées en couleur. En tenant compte de la symbolique du noir et du blanc précitée, je devais découvrir la signification de la seule couleur dans les tons de " terre de Sienne "que j'avais utilisée. Dans les années 1993 et 1994, j'avais assisté à plusieurs conférences qui étaient données par Monsieur Germain Beauchamp, spécialiste des théories de Carl Gustav Jung. À cette période, j'ai beaucoup appris sur les recherches et le processus d'individuation de Jung. Ce dernier avait découvert l'existence, dans l'inconscient humain, d'un dynamisme de transformation qu'il a comparé à la philosophie alchimique du Moyen Âge. En travaillant sur les rêves, en s'en souvenant, en les écrivant, on accélère le processus du développement individuel. Parallèlement, l'alchimiste accélérait le processus de transformation des métaux par l'Oeuvre au noir, l'Oeuvre au blanc, l'Oeuvre au rouge. L'Oeuvre au noir hermétique qui est une mort et un retour au chaos indifférencié, aboutit à l'Oeuvre au blanc, finalement à l'Oeuvre au rouge de la libération spirituelle. En écrivant mon livre sur les contenus de l'inconscient, j'ai comparé le Grand Œuvre alchimique adapté au processus d'individuation, au noir, au blanc et à la couleur de " terre de Sienne " de Air-Terre-Mer-STOP. Afin d'approfondir ma recherche, j'ai écrit en trois parties un essai dont voici des extraits : Air-Terre-Mer-STOP dans la partie l'Oeuvre au noir : L'Oeuvre au noir est relié à l'ombre, une puissance obscure et confuse de l'inconscient. L'ombre porte ce qu'on ne veut pas voir de nous-mêmes : notre double obscur. Prendre conscience de l'ombre est la phase première du processus d'individuation. En résumé, Air-Terre-Mer-STOP considère le monde dans sa globalité. Il révèle un monde qui se perd dans sa propre obscurité. Le noir, qui représente un espace désacralisé, symbolise aussi l'ombre, l'inconscient et la mort. Le problème est que l'humanité n'a pas pris conscience de son ombre. Air-Terre-Mer-STOP dans la partie l'Oeuvre au blanc : Le blanc de Air-Terre-Mer-STOP symbolise la lumière et représente une énergie. En opposition avec le noir, le blanc fait appel à la conscience et à la vie. L'inconscient est une puissance et la conscience aussi. C'est en cherchant un équilibre entre ces puissances premières que nous parviendrons à une conscience élargie. En résumé, Air-Terre-Mer-STOP considère le monde dans sa globalité. Il révèle un monde qui se perd dans sa propre obscurité. Dans les trois territoires de la vie terrestre, les significations symboliques du noir et du blanc se rapportent à un conflit. Air-Terre-Mer-STOP dans la partie l'Oeuvre au rouge : L'Oeuvre au rouge du projet Air-Terre-Mer-STOP est représentée par la couleur de " terre de Sienne ". En tenant compte des significations symboliques de l'Oeuvre au noir et de l'Oeuvre au blanc de Air-Terre-Mer, cette couleur correspond à la possibilité d'une vie nouvelle sur la Terre. La Terre n'appartient pas aux Hommes. Aussi, depuis longtemps, nous aurions pu vivre en harmonie avec la nature au lieu de l'exploiter et de la détruire. Aujourd'hui, trouver une unité issue d'un équilibre entre nos valeurs matérielles et spirituelles est devenu nécessaire. En écrivant cet essai, j'ai constaté que les contenus inconscients révélés par l'œuvre se rapportaient à des valeurs opposées. Dans Air-Terre-Mer-STOP, le profane fait écho en permanence au sacré. Il en est de même pour les contenus significatifs véhiculés par le noir et le blanc. Par exemple : la vie et la mort, l'obscurité et la lumière, la conscience et l'inconscient. Ces pôles existentiels, une tension des contraires, ne sont pas limités à des valeurs adverses dans Air-Terre-Mer-STOP. La couleur de " terre de Sienne ", l'Oeuvre au rouge, issue de l'union des opposés, signifie la possibilité pour les Hommes de la Terre de trouver un équilibre entre les valeurs matérielles et spirituelles, de s'individualiser et de vivre une nouvelle spiritualité. Conclusion 1: En entrant dans une dialectique entre le moi et l'inconscient en peignant, l'inconscient se révèle en ordre sur la toile. L'œuvre devient donc une preuve matérielle d'une dialectique. C'est grâce à ce travail d'ordre que Air-Terre-Mer-STOP considère le monde dans sa globalité. Cette œuvre est aussi une preuve matérielle d'un monde qui se perd dans sa propre obscurité. Ce n'est pas une représentation, ni une illusion, c'est un constat. Ce projet comporte un constat du monde d'aujourd'hui et à la fois sa solution. De nos jours, nous avons un travail à faire. Il serait temps de sortir de l'obscurité pour entrer dans la lumière. STOP veut dire : arrêtez - devenons conscient Conclusion 2: Des contenus inconscients d'ordre collectif et universel
" Ma démarche artistique était de descendre dans les profondeurs de l'inconscient pour peindre des contenus significatifs d'ordre non plus personnel, mais collectif et universel. Pendant 17 ans, je crois que j'ai descendu dans l'inconscient, mais je n'ai révélé sur la toile que des contenus d'ordre personnel. Avec la peinture totémique Air-Terre-Mer-STOP, j'ai dépassé l'individu ". Lise Fradet. Texte tiré du film Air-Terre-Mer-STOP réalisé à Marseille en juillet 1999. Dans l'histoire de l'humanité primitive, le totem a été une des premières formes d'un système à la fois social et religieux. L'identité du groupe et de l'individu était souvent symbolisée par un animal totémique. Le terme " totémique " définit ce qui a les caractères du totem et en particulier le mât portant les emblèmes du totem. Il convient de distinguer le totem individuel du totem collectif. Lorsque j'ai créé Air-Terre-Mer-STOP en mars 1999, l'œuvre picturale était de nature totémique. D'abord, les animaux et les figures humaines imbriqués et superposés forment un ensemble de symboles reliés entre eux. Cette organisation fait référence au totem. De plus, la verticalité sculpturale de 4 mètres de haut, rappelle le mât totémique. Au cours de mon enquête, j'ai découvert que la verticalité fait aussi référence à l'Axis mundi, le pilier cosmique, l'échelle, la colonne universelle. Les trois niveaux cosmiques : Terre, Ciel et régions inférieures, nous renvoient aux trois territoires de la vie terrestre : Air, Terre et Mer. Les territoires sont délimités par le rebord des tableaux. C'est par cette délimitation que nous passons d'un territoire à un autre. Au-delà de la rupture, les surfaces noires et blanches qui se touchent, ouvrent la communication entre les niveaux. C'est grâce à la plasticité de l'œuvre que nous passons d'un mode d'existence à un autre. Le tableau Terre nous renvoie à un mode d'existence profane qui se rapporte aux sociétés industrielles, occidentales et modernes. Le tableau Mer nous renvoie à l'existence de l'homme primitif qui était réglée de manière traditionnelle et sacré. Ces modes d'existence s'opposent, mais se rejoignent dans les œuvres, sur le plan de la mort. Dans Air-Terre-Mer-STOP, la mort nous interpelle. Ces conduites n'apportent pas le bonheur aux Hommes. |
